mardi 10 octobre 2023

Et si finalement mon histoire commençait ainsi...

 


Des nouvelles de mon aventure qui, je le reconnais, s'est accordée une longue pause covidienne. Je travaille dur, sans relâche. Chaque soir est une escapade au Havre, là où tout a commencé. J'ai retrouvé le bonheur d'écrire et mes personnages se prêtent gentiment au jeu. Mon histoire est donc en cours d'écriture. La longue période nécessaire pour la raconter est terminée. A présent je l'écris.

Ça peut paraitre subtil, et ça l'est. La différence se joue dans les détails, la fluidité, la justesse des mots, la franchise des descriptions. C'est le moment où je retrouve ma liberté, où j'existe.

D’ores et déjà, mon début d'histoire a déjà d'autres couleurs...

"L’haleine du début de nuit caressait l’horizon d’une main tiède et appliquée. La ville s’immobilisait dans un ronronnement soumis. Il perlait, dans la paume boursouflée des nuages, des murmures humides que colorait une myriade de petites gouttes de lumières fatiguées. Le ciel abandonnait ainsi, dans l’obscurité, les ultimes gestes blasés du jour. Un jour qui s’effaçait sans plaisir, avec une tristesse résignée. Un jour que la pluie aurait pu détremper sans remord. Un jour qui s’était épuisé à ne servir à rien.

La ville basse étalait son port baigné par la lueur d’une armée falote de halos jaunâtres, silhouettes des rares réverbères sans fantaisie que l’électricité pouvait enfin de nouveau atteindre. Dans la pénombre sournoise du haut de l’escalier Montmorency, des yeux habitués pouvaient deviner le chaos encore sauvage du Havre détruit, en désordre, et plus vers l’embouchure de l’estuaire, l’énorme charivari de la reconstruction du centre-ville. Renaitre de ses cendres prenait, dans ce décor de poussière et de pierre, tout son sens. Dix ans. Voilà dix ans que la terre était remuée. Dix ans de reconstruction. Et tout semblait au point mort en dépit d’une agitation folle.

Le silence était épais. Un homme, sans doute élégant à d’autres heures du jour, marchait d’un pas brouillon. Devant lui, l’escalier dessinait son immense squelette s’enfonçant dans la vase noire du soir. Il avait ouvert le col de sa chemise pour happer le peu d’air qu’il parvenait à respirer. Défait, il s’appuya sur un des murs de pierres irrégulières qui le bordait. Il hésita. Il avait beaucoup bu. Trop même. S’engager sur le long tapis de marches qui se déroulait anarchiquement devant lui, il ne le sentait pas. Il le connaissait pourtant bien ce satané escalier. Mais dans son état, imbibé par l’alcool, il lui paraissait belliqueux, rancunier et fourbe."

6 commentaires:

  1. Toujours le même talent, tes mots que l'on reconnaîtrait entre mille, avec grand plaisir...bonne continuation letienne.
    AMITIES.

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    1. Si tu savais à quel point ton commentaire me touche.
      Comme le recommandait Céline, quand on écrit, il faut être soi. Peut-être ne pas être le meilleur, mais surtout ne pas copier.
      Tu me rassures et tu me pousses à poursuivre...
      Un grand merci.

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  2. Bonjour Letienne,
    Je suis d'accord, les mots qui pointent de ta plume exquise sont pour moi aussi des joyaux. J'aime ton art de l'aiguiseur jusqu'à former la courbe parfaite convenant aux desseins que ton esprit à imaginer.
    Bravo et bonne inspiration !
    Je t'embrasse

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    1. En ce moment, ma plume et moi sommes de bons copains.
      Il fleure bon un parfum de plaisir, les choses avancent doucement, mais surement.
      Bises.

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  3. Prometteur.
    Voilà, c'est ça: prometteur.
    Me voilà impatient.

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    1. Il me reste un long chemin à parcourir...
      Vos mots m'encouragent.
      Merci.

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