Là est mon tourment : être ou ne pas être.
Écrire, la belle affaire. Être publié, la grosse galère.
Je m’extirpe d’une longue période d’abandon. Abandon de tout.
Abandon de l’envie. Abandon du savoir. Parce que la vie est ainsi
laborieusement construite, jour après jour, nuit après nuit. Je suis un Don
Quichotte armé d’un porte-plume qui erre sur des pages noircies en vain. Que
vaut cette encre étalée au fil des jours ? Rien. Les tapuscrits envoyés
chez des éditeurs judicieusement choisis ? Rien. Et souvent, même pas de
réponse…
Je n’ai pas envie d’être amer car il y a cette nécessité d’écrire
qui me dévore. Mais la connexion avec mes lecteurs ne se fait plus. Mes manuscrits
restent des histoires mortes en s’étouffant dans des casiers perdus dans des
archives. Ils passent leur temps à moisir, jaunir. Au mieux, ils finissent rongés
par des souris facétieuses mais obstinées. Boulimiques.
Toute cette énergie pour être un commercial et ne plus être
écrivain... rend mes écrits vains. J’aurai dû m’en douter… c’était écrit depuis
le début.
Ne pas baisser la garde.